Contexte

La plaine de Mazi, aussi connue sous le nom de bassin de Mazi ou plaine d’Oinoé, est située dans la partie nord-ouest de la préfecture moderne de l’Attique, à environ 16km au nord d’Eleusis et 20km au sud de Thèbes. La plaine est délimitée au nord et au sud respectivement par les montagnes Cithéron-Pastra et Makron. Plusieurs ruisseaux de montagne coulent dans la plaine et convergent dans son extrémité sud-est, formant le Sarantapotamos de la région d’Eleusis. La plaine est fertile et bien irriguée : le fond de la vallée est aujourd’hui presque entièrement dédié à l’agriculture, avec une dominance du blé et des vignobles. Les pentes autour de la plaine, principalement calcaires, sont couvertes d’un épais maquis et de forêts de pin. A l’exception de quelques maisons et de fermes entourant la ville moderne d’Oinoé (anciennement Mazi), la plaine est relativement peu peuplée.

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Carte générale de la plaine, montrant le nord de l’Attique, le sud de la Béotie, et la Mégaride.

Historiquement, la plaine de Mazi était située sur la frontière entre l’Attique et la Béotie (Thucydide 2.18.1-2), une situation qui perdure aujourd’hui. Située au milieu de la route principale entre Eleusis et Thèbes, la vallée est un carrefour majeur des routes terrestres régionales et interrégionales. Depuis au moins la période archaïque, la vallée fut occupée et exploitée par deux centres d’importance, le dème attique d’Oinoé à l’est, et la ville d’Eleuthère à l’ouest. Alors que le travail du MAP couvre tous les aspects de la longue histoire de la plaine de Mazi, ces deux sites, de même que la tour de Mazi, sont des monuments bien connus.

Le dème d’Oinoé

Oinoé, un dème appartenant à la tribu Hippothontis, est appelée par Hérodote un « demos sur l’eschatai de l’Attique » (5.74.2). En tant que dème frontalier, il était particulièrement exposé aux attaques et aux raids de l’extérieur. Les Béotiens attaquèrent le site en 506 av. J.-C. Lors du déclenchement de la guerre du Péloponnèse en 431 av. J.-C., Oinoé fut la première ville attique à subir un siège des Péloponnésiens, mené par Archidamos (Thucydide, 2.18.1-2). L’échec de la capture de la ville témoigne que celle-ci était déjà bien fortifiée à l’époque. Malheureusement, le site est peu connu archéologiquement.

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Vue d’Oinoé depuis le nord.

Une des premières tâches du MAP fut de relever un plan précis des vestiges. A ce stade de l’étude, trois phases de constructions principales peuvent être distinguées : la phase classique, avec des murs et des tours construits avec des blocs de calcaire et une élévation en brique d’argile ; la phase hellénistique, avec des blocs de taille en conglomérat, défendus par des tours massives ; enfin, la phase byzantine, durant laquelle les anciens murs furent réparés et une extension du site fut réalisée au sud et au sud-ouest de l’établissement principal. La prospection intensive du site a mis en évidence un abondant matériel à la surface, tant des tuiles que des poteries fines et grossières, incluant des pithoi et des ruches. Le matériel retrouvé suggère qu’Oinoé fut occupée continuellement depuis la fin de l’époque archaïque jusqu’à la fin de l’époque romaine, et de nouveau à l’époque byzantine, où le site était connu sous le nom de Myoupolis/Nyoupolis.

Eleuthère

De l’autre côté de la plaine, à 6km à l’ouest d’Oinoé, sont situés la ville et la forteresse d’Eleuthère, au pied de la passe de Kaza. Leur origine est béotienne, mais la ville changera souvent de main entre l’Attique et la Béotie au cours des siècles. Cependant, Eleuthère ne devint jamais un dème attique. Les recherches archéologiques ont révélé l’existence d’un temple dorique du IV ème siècle, un sanctuaire d’Héraclès, deux basiliques, plusieurs bâtiments et une nécropole. La ville était partiellement en ruine lors de la visite de Pausanias au II ème siècle ap. J.-C. (1.38.9).

La forteresse d’Eleuthère, vue du nord-ouest.

La forteresse d’Eleuthère, vue du nord-ouest.

Au-dessus de la ville d’Eleuthère est située une forteresse spectaculaire, qui figure parmi les mieux préservées de Grèce continentale. Les murs nord et ouest sont construits entièrement en pierre, et bien protégés par huit tours rectangulaires. Deux portes monumentales furent construites dans les angles sud-ouest et sud-est, permettant le passage du trafic à travers la forteresse. Malheureusement, le statut politique changeant d’Eleuthère laisse la question de la construction de la forteresse non résolue. Il fut longtemps pensé qu’elle aurait pu être une des forteresses athénienne défendant l’entrée en Attique, mais il semblerait aujourd’hui qu’il s’agisse d’une construction béotienne du IV ème siècle av. J.-C. (voir Fachard 2014, sur la page Ressources de ce site, pour un résumé du débat et des références supplémentaires).

La tour de Mazi

Les impressionnants vestiges de cette ancienne tour ont monopolisé l’attention des voyageurs depuis le XIX ème siècle, souvent au dépend du site d’Oinoé. Avec un plan carré d’environ 9m sur 9, la tour est une des plus larges d’Attique. Elle est actuellement conservée sur une hauteur de 14m, avec cinq étages. La fonction de la tour a longtemps été comprise comme militaire, offrant un avant-poste pour les troupes athéniennes gardant la route entre Eleuthère et Eleusis. Cependant, d’autres interprétations en font une tour de ferme (caractéristique des tours des régions rurales de Grèce).

La tour de Mazi, vue depuis le sud.

La tour de Mazi, vue depuis le sud.