Le projet

Un projet de prospection régionale multidisciplinaire

Le but du Mazi Archaeological Project (MAP) est de comprendre l’histoire de l’occupation humaine et l’évolution de l’environnement de la plaine de Mazi, grâce à une prospection systématique de cette région. Cette page présente la méthodologie adoptée et les premiers résultats des différentes campagnes réalisées. La première, en 2014, avait consisté en une étude géomorphologique de la plaine et le début de prospections archéologiques.

L’approche choisie pour ce projet est liée aux recherches sur l’archéologie des paysages méditerranéens, qui visent à comprendre une région dans sa globalité plutôt que de se focaliser sur un seul site. En outre, la volonté du projet est d’offrir une vision diachronique de la plaine de Mazi grâce à une documentation étayée de toutes les périodes, en s’intéressant à la fois aux modes d’établissement, aux interactions entre l’Homme et son environnement, à l’utilisation du terrain, à la territorialité, et aux liens avec les régions alentours. La plaine de Mazi est une zone topographiquement bien définie, située aux limites de l’Attique et au carrefour de plusieurs routes, ce qui la rend particulièrement propice à l’analyse de ces données.

Les méthodes employées sont celles communément utilisées, et déjà éprouvées, de la prospection archéologique pédestre. Pour ce faire, les archéologues marchent côte-à- côte, de façon systématique, afin de couvrir la zone de recherche préalablement divisée en Survey Units (unités de prospection). Ils inspectent scrupuleusement le sol pour y repérer les vestiges archéologiques et compter, voire collecter, les artéfacts visibles. Le résultat de cette entreprise est une quantification de la distribution de ces artéfacts, de types différents et pouvant provenir de n’importe quelle période, à travers l’entièreté du territoire en question (cf. carte de distribution ci-dessous). Les équipes de terrain relèvent aussi toutes les structures archéologiques, ou traces de constructions, découvertes lors des prospections. Comme les bâtiments, les murs, les installations agricoles, les routes, les roches taillées, les puits ou silos, les canalisations ou encore les tombes. Chaque structure (de même que chaque Survey Unit) se voit attribuer un numéro propre et est méthodologiquement relevée grâce à une documentation graphique et photographique, GPS, cartographique, et par la prise de mesures et de notes détaillées. La prospection intensive est, par ailleurs, complétée par le recours ponctuel à la prospection extensive. Cette dernière est la méthode la mieux adaptée pour les zones où il n’est pas possible pour les archéologues de marcher en ligne mais qu’il est tout de même nécessaire de parcourir afin de garantir une couverture de la plaine aussi complète que possible. La prospection extensive permet ainsi de découvrir et de documenter les structures et le matériel présents dans les zones difficiles d’accès, telles que la bordure montagneuse de la plaine, les parties boisées, les pentes des collines, etc.

Au-delà de ce travail de terrain préliminaire, le Mazi Archaeological Project met également en œuvre un large panel de méthodes de documentation scientifique du territoire. Celles-ci impliquent une cartographie et un carottage géomorphologique, des analyses spatiales, une série de méthodes de télédétection, telles que des analyses par imagerie satellite multi-spectrale WorldView2 (grâce à la DigitalGlobe Foundation), et le recours à la photogrammétrie pour la création de modèle 3D en haute résolution.

Prospections dans la plaine de Mazi

Prospections dans la plaine de Mazi

La campagne de terrain 2014

La campagne inaugurale du Mazi Archaeological Project s’est déroulée durant quatre semaines, du 16 juin au 11 juillet 2014. Le travail de terrain a été mené dans deux zones : la partie sud-est de la plaine de Mazi, près de l’ancienne Oinoe et de la tour de Mazi ainsi qu’entre ces deux repères (zone a), et dans la vallée de Kouloumbi, située juste au sud de la plaine de Mazi à proprement parler (zone b). Des prospections intensives ont été réalisées sur une aire d’environ deux kilomètres carrés dans la zone a, auxquels il faut ajouter des prospections extensives dans ses marges boisées et vallonnées. La zone b n’a été prospectée que de manière extensive en 2014, avec toutefois déjà des résultats prometteurs. Au total, 370 unités de prospection ont été couvertes par une seule équipe de manière intensive, dans lesquelles des artéfacts datant du Néolithique jusqu’à l’époque contemporaine ont été découverts, collectés et analysés de façon préliminaire (en attendant d’être étudiés par des spécialistes). Des aménagements, isolés ou combinés, ont été répertoriés dans 109 lieux, 68 dans la zone a et 41 dans la zone b. Outre les prospections intensives et extensives, une étude architecturale approfondie d’Oinoe a démarré ; celle-ci a abouti à l’élaboration du plan le plus détaillé de ce site à ce jour, de même qu’à une modélisation photogrammétrique, qui se révèleront tous deux d’excellents outils dans le cadre d’analyses ultérieures. Un rapport plus détaillé des résultats de la campagne 2014 du Mazi Archaeological Project a été publié dans la revue Antike Kunst à l’automne 2015.

La campagne de terrain 2015

La deuxième campagne du Mazi Archeological Project s’est déroulée durant cinq semaines, du 15 juin au 17 juillet 2015. Grâce aux 28 participants y ayant pris part, cette saison a constitué un avancement sérieux du projet par rapport à la campagne initiale dont l’ampleur était limitée. Comme en 2014, des méthodes de prospection archéologique extensive et intensive ont été employées, mais la saison 2015 a aussi été l’occasion de mettre à profit divers autres moyens techniques, comme la modélisation photogrammétrique, la photographie aérienne par drone, l’analyse d’imageries satellites multi-spectrales, l’utilisation d’un système de données géographiques référencées (DGPS) ou encore des études géologiques. Certains des meilleurs résultats obtenus grâce à ces techniques sont accessibles sur notre page Media.

En 2015, trois régions distinctes de la plaine de Mazi – désignées en zones b, c et e – ont été couvertes par autant d’équipes,. La zone b correspond à la plaine de Kouloumbi, juste au sud de la plaine principale, et reliée à cette dernière par un vallon. La zone c se situe immédiatement au nord de la zone a et marque la limite nord-est de l’ensemble de la région prospectée. La zone e couvre la vallée de Profitis Ilias, qui constitue la limite occidentale de la plaine de Mazi et inclut l’établissement et la forteresse d’Eleuthères, au débouché du col de Kaza, ainsi que la petite vallée de Vilia.

En tout, quelque 1490 unités ont été prospectées de manière intensive et 216 particularités architecturales enregistrées. Certains des points forts comprennent une documentation détaillée de l’architecture de l’établissement et de la forteresse d’Eleuthères, la découverte d’un site préhistorique majeur et deux enthousiasmantes implantations datant de la période byzantine. Voir la carte interactive ci-dessous pour les zones de prospection et la couverture de la plaine.

La campagne de terrain 2016

La troisième campagne de terrain s’est tenue du 13 juin au 15 juillet 2016. Elle a permis de conclure la prospection de type intensif de la plaine, « couvrant » ainsi (dans la mesure du possible) l’ensemble de la surface d’étude. Le travail s’est d’abord concentré dans le Secteur d (Area d sur le plan), puis s’est efforcé de « boucher les trous » en couvrant les petits terrains à l’intérieur desquels il ne fut pas possible de pénétrer auparavant. Quelque 35 personnes ont participé à la campagne de 2016, contribuant ainsi au grand travail d’équipe que représente MAP. La prospection de la plaine fut doublée d’une prospection de type extensif autour du périmètre de la vallée de Mazi et sur les sommets et pentes environnants. Comme en 2015, notre travail a fait la part belle aux technologies digitales : emploi d’images satellite multispectrales pour repérer et documenter sur place les structures archéologiques, cartographie et relevé architectural au DGPS, modélisation par photogrammétrie. En outre, nous avons conduit des prospections géophysiques en collaboration avec l’équipe du Professeur Gregoris Tsokas, de l’Université de Thessalonique. Par ailleurs, des nettoyages de surface ont été conduits à Kato Kastanava (découvert en 2015) et à Eleuthères. Des ramassages quadrillés furent étendus à Kato Kastanava et sur le bourg byzantin d’Aghios Dimitrios. Enfin, une analyse préliminaire de l’ensemble de trouvailles 2014-2016, fournissant un enregistrement complet des données récoltés par le projet de prospection.

Etude géomorphologique

La plaine de Mazi est un terrain complexe comprenant une grande variété de formations géologiques, issus de nombreux processus géomorphologiques. Notre but est de comprendre ces processus naturels qui ont contribués à la formation du paysage. La première étape de cette recherche fut de compléter une étude préliminaire et une carte géomorphologique de la zone. Les premières données à disposition pour la cartographie ont été les cartes topographiques de l’Hellenic Military Geographical Service, à une échelle d’1:5000, et les cartes géologiques du Greek Institute of Geology and Mineral Exploration, à une échelle d’1:50000 (cartes « Erythrai » – « Elefsis »). Elles sont complétées par des cartes Orthophoto du National Cadastral Survey, de l’imagerie satellite multispectrale (mis à disposition par la DigitalGlobe Foundation), et de relevés extensifs sur le terrain. Les couches thématiques pour la topographie, l’hydrographie et la géologie ont été construites en utilisant un SIG. Un modèle digital d’élévation très précis a été utilisé pour créer les pentes et leur orientation. Celles-ci, de même que la composition des sols, ont été en outre classés en différentes catégories, qui ont été recoupées pour permettre la détection de critères géologiques. Enfin, en recourant à une combinaison appropriée de couleurs et de symboles, la carte géomorphologique de la zone étudiée a été produite, fournissant un cadre crucial pour les prospections archéologiques. Cette étude fut complétée par une série de carottages en 2015, afin de produire une image détaillée de l’évolution du paysage à travers le temps. Cette recherche fut conduite, en collaboration avec le MAP, par le Prof. Kosmas Pavlopoulos, le Dr. Dimitrios Vandarakis, et Nikos Liosis, du Département de Géographie de l’Université d’Harokopio.

Carte interactive

Note d’utilisation : les utilisateurs de Mac peuvent avoir besoin de maintenir la touche Shift et d’utiliser la molette pour zoomer et dézoomer. Les utilisateurs de PC devraient pouvoir zoomer avec la seule molette.